Étiquette : chômage

  • Assurance-chômage, les discrètes manœuvres financières derrière la réforme

    Assurance-chômage, les discrètes manœuvres financières derrière la réforme

    Hadrien Clouet, sur The Conversation :

    L’allocation d’aide au retour à l’emploi n’est pas un secours payé par la collectivité aux chômeurs, mais un droit ouvert aux salariés une fois qu’ils ont mis une certaine somme au pot commun. En somme, c’est leur argent qui leur revient. Cependant, l’allocation médiane, c’est-à-dire que la moitié des chômeurs gagnent plus tandis que la moitié perçoivent moins, est de 950 euros.

    Les versements effectués aux chômeurs dans ce cadre proviennent de deux sources : la cotisation des employeurs prélevée sur les salaires (4,05 % du salaire brut) ainsi qu’une partie de la CSG activité (1,47 point). Cette dernière a remplacé au 1er janvier 2019 les cotisations salariées – à part pour quelques catégories comme les intermittents du spectacle ou les salariés monégasques. Le régime d’assurance-chômage est donc composé de flux financiers différents. L’un regroupe les cotisations patronales, assises sur les salaires. L’autre est voté chaque année par le parlement, via la loi de financement de la sécurité sociale.

    Cependant, le remplacement des cotisations salariées par la CSG a bouleversé le rapport de force : désormais, seuls les employeurs (qui acquittent les cotisations) et l’État (qui gère la CSG) ont leur mot à dire. Les représentants des salariés ont été placés en marge du processus. Le statut des chômeurs se joue donc désormais essentiellement entre les organisations patronales et le gouvernement. Cette réforme de l’assurance-chômage est d’ailleurs la première depuis 1982 à être intégralement décidée par l’État seul.

    Un article d’Hadrien Clouet explique le mécanisme de financement de l’Unédic et sa bonne santé comptable. Le bilan de l’institution est grevé par la mainmise du gouvernement sur l’assurance-chômage, qui la contraint à financer Pôle Emploi, induisant un déficit ensuite apporté sur les marchés financiers, au profit des investisseurs privés.

    Source. Illustration : © Lucas Barioulet/AFP.

  • Assurance-chômage : une dette doublement profitable

    Assurance-chômage : une dette doublement profitable

    Hélène Crouzillat, dans Politis :

    Jamais dans l’histoire de l’assurance-chômage les chômeurs n’ont été aussi peu et aussi mal indemnisés, aussi peu accompagnés qu’aujourd’hui. Parallèlement, la dette de l’assurance-chômage s’accroît à un rythme effréné, passant de 13 milliards, au moment où Pébereau pose son rapport sur la table, à plus de 37 milliards actuellement. Alors, à quel jeu pervers s’adonnent le gouvernement et son banquier Macron, obsédés par leur besoin d’économies ? Faire passer pour remède les causes du mal ?

    Il n’est nul besoin d’être expert en économie pour comprendre comment l’institution assurance-chômage s’est trouvée criblée de dettes. Défiscalisations, allègements d’impôt et exonérations ruinent à coup sûr les comptes sociaux et imposent dans le même temps de recourir à l’endettement sur les marchés financiers. Les banques gagnent alors une rente pérenne grâce aux intérêts fournis pour l’acquisition des titres d’emprunts et leurs portefeuilles, gorgés de titres de dette publique ou des organismes sociaux, garantis par l’État, sont le gage d’une solidité financière qui leur permet d’emprunter ailleurs à moindre coût ou de spéculer sereinement. Quoi de plus naturel alors que ce soient les mêmes banques qui préconisent au plus haut niveau de l’administration française des réformes structurelles censées réduire les dépenses sociales ?

    Tout le monde connaît l’adage « prendre le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière ». Rien ne saurait mieux illustrer la logique de prédation à l’œuvre.

    Une tribune d’Hélène Crouzillat qui replace les récentes annonces gouvernementales dans la continuité des précédents coups de boutoir contre l’assurance chômage : passage sous la coupe de l’État, baisse de l’indemnisation, sous-financement au bénéfice des marchés financiers, etc.

    Source. Illustration : © Jacques Demarthon / AFP.

  • Taux de chômage « naturel » : l’empreinte de Friedman

    Taux de chômage « naturel » : l’empreinte de Friedman

    Un article de Gilles Raveaud dans Alternatives Économiques revient sur une conception du chômage que Milton Friedman a tenté de pousser pendant sa carrière.

    De toute évidence, si Milton Friedman a autant marqué les esprits, c’est en raison des critiques que sa « théorie » lui permettait d’émettre à l’encontre du paradigme dominant, celui des keynésiens, bien plus que par son contenu positif.

    De plus, il sera grandement aidé par la crise de 1973-1974, et par l’incapacité des politiques keynésiennes à répondre rapidement à la hausse simultanée de l’inflation et du chômage. Ces raisons décisives vaudront au théoricien de Chicago en 1976, à 64 ans, l’attribution du prix de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel.

    Et c’est ainsi que se produisit le plus grand basculement de la macro-économie depuis 1945. Il ne s’agissait plus de rechercher les solutions au chômage « d’en haut », c’est-à-dire par la politique économique (politique monétaire, politique budgétaire).

    Le remède devait venir « d’en bas », c’est-à-dire du « marché du travail » – une expression rejetée par les institutionnalistes, marxistes, keynésiens, qui considèrent que le travail ne s’échange pas sur un marché, mais s’inscrit dans une relation d’emploi, hiérarchisée, au sein d’une organisation –, désormais au centre de toutes les attentions.

    Source


    Illustration : © DR.

  • En Lorraine, une entreprise a été créée pour embaucher tous les chômeurs du coin

    En Lorraine, une entreprise a été créée pour embaucher tous les chômeurs du coin

    Un article de Laura Wojcik pour Partage Social Club revient sur l’initiative « territoire zéro chômeur » à Colombey-les-Belles, avec le témoignage de quelques bénéficiaires, un an après le coup d’envoi du dispositif.

    « Si vous avez un enfant qui doit aller à l’école, vous ne vous demandez pas s’il y a de la place à l’école, simplifie Bertrand Deligny, président de La Fabrique. Et ben nous on fait exactement la même chose pour les chômeurs de longue durée. Ils ne doivent pas se poser la question de savoir s’il y a du travail. Il y en a. »

    Cette machine à fournir des emplois a été créée dans le cadre de l’expérimentation nationale « zéro chômeur de longue durée » qui concerne 10 zones tests en France. Le financement public du projet est garanti depuis février 2016 grâce à une loi votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale et au Sénat.

    L’idée est née au sein de l’association ATD Quart Monde au milieu des années 90. À partir de trois constats :

    • Le travail existe puisque chaque territoire présente une liste de besoins non satisfaits. Exemple : le nettoyage des cimetières municipaux, l’entretien des forêts locales ou des missions d’aide à la personne.
    • Chaque chômeur de longue durée possède des compétences pour assurer ces tâches.
    • L’argent ne manque pas non plus. Les nouveaux emplois sont financés en piochant dans les dépenses publiques autrefois vouées à compenser l’inactivité professionnelle. Une enveloppe qu’ATD Quart Monde estime à 18 000 € par an et par chômeur de longue durée.

    Illustration : © Partage Social Club.

  • 4 problèmes que pose le contrôle des chômeurs

    4 problèmes que pose le contrôle des chômeurs

    Une tribune d’Hadrien Clouet pour Le HuffPost montre la grossièreté de certains arguments avancés pour justifier la répression des sans emploi.

    En 2015, d’après les données de Pôle emploi, environ 150.000 offres étaient ouvertes en France. C’est une estimation large, car le périmètre des « emplois non-pourvus » demeure très flou. Gardons à l’esprit que de nombreuses offres sont non-pourvues car elles semblent inacceptables aux chômeurs et à leurs conseillers: des postes très dégradés, voire même qui violent le droit du travail.

    Sur la même période, 24 millions de contrats de travail ont été signés (en majorité des CDD de moins d’un mois). Les offres ouvertes représentent 0,6% des offres qui ont été pourvues. Dit autrement, 99,4% des offres ont trouvé preneur sur le marché. Plutôt que de s’étonner que quelques offres restent non-pourvues, on pourrait au contraire s’étonner qu’autant de salariés acceptent de travailler dans des emplois souvent atypiques.

    Même en obligeant les chômeurs à accepter toutes les offres disponibles, seul 1 sur 44 retournerait en emploi. Aucune marge n’est disponible de ce côté-là pour lutter contre le chômage. Le chômage de masse dépend donc du nombre d’emplois et des épreuves de recrutement, pas des chômeurs.


    Illustration : © Stéphane Mahe / Reuters.

  • Pourquoi le chômage est au plus bas en Allemagne

    Pourquoi le chômage est au plus bas en Allemagne

    Un article de Romaric Godin pour Mediapart détaille les chiffres du chômage en Allemagne et la réalité salariale derrière ce chiffre « miracle » de 5,5 %.

    À ce développement du temps partiel s’est ajoutée la modération salariale pour les parties les plus faibles de la courbe salariale. Les deux phénomènes sont, d’ailleurs, en partie liés, car les salariés à temps partiel ont moins de poids dans la détermination de leur rémunération. Selon Burda et Seele, le quart le moins élevé des salaires a vu son niveau reculer de 15 % entre 2002 et 2015. Il a légèrement remonté ensuite avec l’introduction du salaire minimum, mais globalement cela permet d’avoir des coûts salariaux évoluant moins vite que la productivité, ce qui a donné un avantage compétitif considérable à l’Allemagne. Mais a clairement creusé les inégalités. .Romaric Godin

    Source : Pourquoi le chômage est au plus bas en Allemagne, Romaric Godin pour Mediapart.


    Illustration : © Kurzgesagt.

  • Chômage, le mythe des emplois vacants

    Chômage, le mythe des emplois vacants

    Un article d’Hadrien Clouet dans Le Monde Diplomatique de février 2015 revient sur le fantasme des emplois non pourvus, alors que le gouvernement veut durcir le contrôle des personnes privées d’emploi.

    L’existence d’offres non pourvues indique que les demandeurs d’emploi ne sont pas tous réduits à travailler dans n’importe quelles conditions. Or, lorsqu’ils recherchent vraiment des salariés, les employeurs disposent toujours de leviers, ceux qu’ils mettent en œuvre en cas de crise d’embauche : hausse du salaire, meilleurs horaires ou meilleures conditions de travail…Hadrien Clouet

    Source : Chômage, le mythe des emplois vacants, Hadrien Clouet pour Le Monde Diplomatique.


    Illustration : © Kurzgesagt.

  • Contrôle des chômeurs : la face cachée du modèle danois

    Contrôle des chômeurs : la face cachée du modèle danois

    Un reportage de Célia Quilleret pour France Info s’intéresse aux conséquences du système de « flexisécurité » danois.

    Car être chômeur au Danemark est un parcours du combattant. Il faut envoyer deux lettres de candidature par semaine, se rendre chaque mois à son agence pour l’emploi, être toujours disponible et éviter de partir en vacances. Il est en effet interdit de s’absenter sans autorisation préalable de son agence pour l’emploi.Célia Quilleret

    Source : Contrôle des chômeurs : la face cachée du modèle danois, Célia Quilleret pour France Info.


    Illustration : © Radio France.

  • Non, les chômeurs ne sont pas des profiteurs

    Non, les chômeurs ne sont pas des profiteurs

    Un article dans Politis qui revient sur l’étude de Pôle emploi montrant que l’immense majorité des chômeur·euse·s respectent leurs engagements.

    Ce sont donc 86 % des personnes contrôlées qui ont démontré qu’elles remplissaient bien leurs obligations. Et sur les 14 % radiées in fine, seules 40 % étaient indemnisées par l’Unédic, les autres relevant soit du régime de solidarité (23 %) ou ne touchant plus rien (36 %).Vincent Richard

    Source : Non, les chômeurs ne sont pas des profiteurs, Vincent Richard, Politis.


    Illustration : © AFP.