Un article reproduit sur le blog de Paul Jorion extrait du dossier « Les révolutions de l’intelligence » dans le numéro 26 de Papiers, s’intéresse aux évolutions de l’informatique et de la robotisation et leur effet sur l’emploi.
Maylis Besserie : Une […] piste, régulièrement explorée, est la perspective de taxer les robots.
Raja Chatila : Je dois dire que cette expression n’est pas heureuse. Je ne parle pas du concept qui est derrière, mais l’expression elle-même n’est pas heureuse parce qu’elle laisse croire qu’il y a un robot physique qui va prendre ma place et qu’il faut donc le taxer. En réalité, cela signifie taxer l’entreprise qui l’utilise, taxer la productivité de cette entreprise, pour que moi, humain qui n’ai plus de travail, je puisse bénéficier quand même d’un revenu qui me serait échu de droit. Mais l’idée sous-jacente est excellente. La difficulté va venir de l’identification de ce qu’est un robot. Est-ce qu’on logiciel est un robot ? Qui vais-je taxer quand je vais utiliser un logiciel qui se trouve tourner sur des machines à l’autre bout du monde ? Cette mise en œuvre ne me semble pas très claire, même si je comprends que Paul Jorion la défende. Je n’ai pas de solution toute faite, et les termes de « revenu de base » ou de « taxe robot » présentent chacun des avantages et des inconvénients. Je pense malheureusement que la débat n’a pas lieu, qu’il devrait avoir lieu et être mis en place pour que l’on puisse réfléchir sur la meilleure méthode impliquant tout le monde — c’est-à-dire les citoyens, les économistes, les experts, les roboticiens, les intelligents artificiellement, les sociologues, etc. C’est une question de fond.
Illustration : © France Culture.
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