Le tour d’horizon de l’actualité du revenu de base et des sujets liés.
👩🔬 Expérimentations
La garantie de revenu, un débat qui fait son chemin – Retour sur la proposition de loi “AILE(s)” (Alex Laurent, Droit au Revenu)
Ce 18 février l’Assemblée nationale examine la proposition de loi visant à créer une aide individuelle à l’émancipation (solidaire) déposée par les députés socialistes et apparentés. En vue des débats, le collectif pour un Droit au Revenu a été auditionné fin janvier par le rapporteur du texte, le député Hervé Saulignac : l’occasion de présenter notre regard en faveur d’un droit à un revenu décent et à un travail digne.
Basic Income in Ireland: A pilot before 2025 (John Baker, Basic Income Europe)
In February, there was a general election in which one party indicated some level of support for basic income and another included it as a key policy item. Fianna Fail called for a Commission on Basic Income. The Green Party called for gradual reform of the tax and social welfare system to move towards a system of basic income, and specifically for a basic income pilot, increased child benefit payments, a universal pension and refundable tax credits.
👨👩👧👧 Société
Le revenu de base au Forum Social Mondial FSM : « Assurer la subsistance est la base matérielle pour notre libération » (Juana Pérez Montero, Pressenza)
A l’occasion du Forum Social Mondial (FSM) 2021, un panel intitulé « RBUI, gagner l’émancipation en assurant la subsistance » a eu lieu le 25 janvier. Les intervenants étaient Eduardo Suplicy, Sergio Mesquita et l’auteure de l’article retranscris ci-dessous, Juana Pérez Montero.
En France, l’idée du revenu universel refait surface avec la crise du Covid-19 (Romain Brunet, France 24)
Et si le revenu universel devenait l’un des thèmes majeurs de la prochaine élection présidentielle ? La création d’un revenu de base minimum versé à tout le monde arrive en tête des solutions plébiscitées par les Français pour aider les gens dans leur vie quotidienne, selon une étude réalisée par l’Ifop pour le forum Solutions solidaires et publiée le 28 janvier. Et près d’un tiers des personnes interrogées (31 %) citent le revenu universel dans leur trio de solutions.
Des nouvelles de l’initiative citoyenne européenne sur le revenu de base (Mouvement Français pour un Revenu de Base)
En ce début 2021, cela fait quelques mois que l’Initiative Citoyenne Européenne sur le revenu de base a été lancée. Voici le premier bilan d’étape de la campagne en France.
« L’entretien avec l’agent de la CAF a été une humiliation » : les bénéficiaires du RSA dans l’enfer des contrôles (Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde)
« J’ai eu le malheur de pointer au chômage avec un jour de retard, raconte Pierre (qui a requis l’anonymat), un Lyonnais de 40 ans, qui bien que diplômé en droit était sans emploi, à l’époque. J’ai immédiatement été radié de Pôle emploi, mais, après explications, vite rétabli. Malheureusement, la CAF avait de son côté (et sans me prévenir) suspendu mon droit au RSA [revenu de solidarité active] et à l’APL [aide personnalisée au logement], et là je me suis heurté à un mur pour récupérer mes droits. » Les fichiers du fisc, de Pôle emploi et de la CAF sont, en effet, connectés entre eux : l’une des conditions de l’octroi du RSA est d’être en recherche active d’un emploi, et toute démarche auprès de l’un a des conséquences sur l’autre – pour ce qui est des CAF, cela se matérialise bien souvent par une interruption abrupte des versements.
Basic Income in the Netherlands: Stakes and state of play of the upcoming National elections (Alexander de Roo, Universal Basic Income Europe)
While public opinion is slowly opening to the idea, the debate around Basic Income in the Netherlands got a new push due to a scandal in the welfare state benefit scheme. The upcoming March elections will be decisive in advancing the cause.
👩🏭 Emploi
« Autant ne pas bosser… » (Margaux Wartelle, CQFD)
« Bon, c’est bien sympa les balades, tout ça, mais le secret pour ne pas replonger dans le travail, c’est d’avoir une activité. » Celle de David Snug, de son vrai nom Guillaume Cardin, c’est la musique avec son groupe Trotski nautique – synthé, flûte à bec et paroles poilantes – et surtout la BD. La dernière en date, Dépôt de bilan de compétences (Nada, 2020), dénonce avec un humour aussi décapant que libérateur le monde merveilleux du salariat, de l’usine au secteur associatif. Il nous a raconté comment il a tout arrêté, par téléphone, en se baladant justement.
Surveillance, contrôle, traçage: les salariés n’ont jamais été aussi fliqués qu’au temps du Covid (Olivier Tesquet, Slate)
«La crise sanitaire a mis au jour la présence de ces dispositifs de surveillance toujours plus nombreux, dont elle a dans le même temps assis la légitimité et accéléré la banalisation. On me demande souvent s’il faut craindre la généralisation d’une surveillance dite de masse; et s’il s’agissait plutôt d’une massification de la surveillance?»
💰 Économie
Les impayés de loyer, “bombe à retardement” de la crise sanitaire (Romain Jeanticou, Télérama)
La Fondation Abbé-Pierre alerte, dans son rapport de l’année 2020, sur la “double peine” des personnes en situation de mal-logement durant le confinement et sur l’explosion des expulsions locatives qui risque de se produire dans les mois à venir. Et dénonce l’attentisme du gouvernement.
Réforme des APL : une mauvaise surprise pour les jeunes (Julie Richard et Solenne Bertrand, Libération)
Alors que les locataires des parcs privés reçoivent, ce vendredi, leur APL pour le mois de janvier, beaucoup d’étudiants et de jeunes actifs ont constaté une diminution, voire une suppression totale de leurs aides. Au lieu de calculer les droits sur les sommes perçues deux ans avant, comme c’était le cas jusqu’en décembre 2020, la réforme des APL permet d’actualiser le montant des aides tous les trois mois, sur la base des revenus des douze mois précédents.
Pauvres, moyens ou riches ? Les revenus par type de ménage (Observatoire des inégalités)
Comment situer les catégories populaires, moyennes et aisées en fonction de leurs revenus et du type de ménage ? À quel niveau est-on riche, pauvre ou moyen ? Les explications de l’Observatoire des inégalités.
🤯 Idées
Revenu de base ou salaire à vie ? (Ballast)
On l’appelle généralement « revenu universel » ou « revenu de base ». Défendu aussi bien par une partie de la droite que de la gauche, il est, en France, porté avec le plus de visibilité par Benoît Hamon. Il s’agirait, pour l’ancien porte-parole du PS, que chaque citoyen perçoive 750 euros par mois — indépendamment de sa situation familiale et professionnelle, sans contrepartie et à vie. « Cette conquête sociale est plus que jamais d’actualité vu la crise que nous traversons actuellement », rappelait-il récemment. Parmi les détracteurs les plus résolus de cette proposition, on trouve les partisans du « salaire à la qualification personnelle » — plus connu sous le nom de « salaire à vie ». Rassemblés autour du Réseau salariat et du théoricien Bernard Friot, ils tiennent le revenu de base pour une « roue de secours du capitalisme ». C’est qu’en appelant à lutter contre la « tyrannie du court terme de la pauvreté », il ne ferait que prolonger l’ordre économique en place : le revenu de base ne touche pas à la propriété privée des moyens de production ni au rapport de force entre travailleurs et employeurs — s’il octroie aux gens de quoi (sur)vivre, le salaire à vie, lui, garantirait à tous le pouvoir économique et décisionnel dans le cadre d’une transformation globale de la société. Ce débat contradictoire, publié dans notre revue papier, donne à lire Philippe Van Parijs, philosophe et défenseur historique du revenu de base, et Christine Jakse, autrice de L’Enjeu de la cotisation sociale et membre dudit réseau.
Pour la reconnaissance du travail hors de l’emploi (Romain Darricarrère, Le Vent se Lève)
Enjeu central de la lutte des classes, la définition du travail – qui n’a rien de naturel – n’est jamais neutre. N’est considéré comme relevant du travail que la part de notre activité que des institutions légitimes reconnaissent comme contribuant à la création de valeur économique. Ainsi, ce ne sont jamais les caractéristiques intrinsèques d’une activité qui lui permettent d’être considérée comme du travail, mais bien les conditions dans lesquelles elle est effectuée. L’exemple le plus éloquent est sans doute celui des tâches domestiques.
Le mythe du revenu de base inconditionnel (Alain Véronèse, Agir ensemble contre le chômage)
La revue compte près de 400 pages, éditée par l’association Crise et Critique participe à la diffusion des analyses et propositions de « La critique de la valeur », sur internet : palim-psao. La critique radicale du travail occupe l’essentiel de ce n°, « Abolissons le travail ! », critique amplifiée sur le site. Des textes solides, un peu jargonnants dans le dialecte d’un néo-marxisme en opposition aux divers marxismes historiques des mouvements ouvriers, dont la critique du travail est jugée nettement insuffisante. Dans ce papier qui vise un lectorat proche ou militant du MFRB, les lignes ci-dessous sont focalisées sur la présentation et critique d’Ivan Recio : « Le mythe du revenu inconditionnel de base » (p. 347/389).
Pauvreté : «Les gouvernants n’imaginent pas la honte et l’humiliation» (Marie Piquemal, Libération)
A la tête de l’association ATD Quart Monde, Isabelle Bouyer dénonce le «choix politique assumé» de gérer la pauvreté plutôt que de la combattre, et plaide pour l’instauration d’un revenu convenable d’existence pour tous.
Beyond cancer cell ideology: reframing the demand for basic income in a time of mass extinction (Kate McFarland, U.S. Basic Income Guarantee)
It is not my present goal to argue that a basic income would, in fact, facilitate a planned recession or shrinking population. I aim only to broach this critical topic, which is too often missing from conversations about basic income in the US. As human demands deplete the planet’s resources and eradicate its wild inhabitants, it is degrowth and a steady-state economy, not an “economic stimulus,” that ought to be our most pressing objective.
🎙 Émissions
L’universel et le revenu du même nom (À Présent, France Culture)
La pan-démie, comme son nom l’indique, est universelle, le climat, aussi. Le revenu, donc ? Comment comprendre tout cela ? On en parle avec Philippe Van Parijs, dont le travail fait référence sur ces questions, notamment sa synthèse récente (Le Revenu de base inconditionnel, avec Y. Vanderborght) et avec Guillaume Mathelier qui mêle à son livre récent (L’Égalité des dotations initiales) une expérience d’élu local en France et d’enseignant à Genève. Avec Philippe Van Parijs, philosophe et économiste, responsable de la chaire Hoover d’éthique économique et sociale à l’Université catholique de Louvain et professeur invité à l’Université de Harvard, co-auteur avec Yannick Vanderborght de Le Revenu de base inconditionnel, Une proposition radicale (éditions La Découverte, 2019) et Guillaume Mathelier, docteur en sciences politiques de l’Université de Genève, enseignant à la Haute école de gestion de Genève, maire de la commune d’Ambilly en Haute-Savoie, auteur de L’Égalité des dotations initiales : vers une nouvelle justice sociale (éditions Georg, 2020).
📚 Livres
Bien qu’un seul texte aurait dû être déclaré gagnant, l’association a finalement décidé de récompenser les deux meilleures nouvelles.
Where Dreamers Follow and Wishes come True (Maria Dolores Teresa Quirimit)
We’ve had the chance to read a few wonderful stories on #HowWeMadeBasicIncomeHappen, but we couldn’t choose between the two submissions with the most reactions on social media, so we decided to award both of them.
The women’s green revolution — Towards the UBI and beyond (Javier “Jusore” Sanchez Bravo)
We’ve had the chance to read a few wonderful stories on #HowWeMadeBasicIncomeHappen, but we couldn’t choose between the two submissions with the most reactions on social media, so we decided to award both of them.
🎬 Vidéos
Un revenu de base pour tous en Belgique ? (Questions en Prime, RTBF)
En fait, sur la table, il y a deux scénarios très différents au revenu de base, explique l’économiste Philippe Defeyt. « Il y a d’abord le modèle libéral, qui proposerait plus ou moins 1000 euros par mois mais pour le reste, le citoyen se débrouille. Puis il existe un modèle avec un revenu plus modeste, aux alentours de 500-600 euros, mais qui coexisterait avec la sécurité sociale. Par exemple, une personne qui serait au chômage toucherait le revenu universel, de même qu’un pourcentage du salaire de l’emploi qu’elle aurait perdu ». Du côté de la FGTB, on se dit opposé à cette idée du revenu de base. « Avec un revenu de base, l’employeur va considérer qu’un employé touche déjà plusieurs centaines d’euros et donc sera peu enclin à concéder des augmentations salariales. Lors de négociations, ce sera donc plus compliqué à obtenir », estime Thierry Bodson, le président de la FGTB.
Usul. Comment s’en prendre aux riches ? (Mediapart)
Alors que la France n’est pas encore de la crise du Covid-19, un constat s’impose : si la société entière souffre, les riches, eux, se portent bien. Dès lors, la question de leur contribution se pose comme une évidence. Mais sur les plateaux de télévision, cette question en soulève finalement bien d’autres. Qui est riche ? Comment taxer ces richesses sans faire partir les dits riches ? Est-il si judicieux de pénaliser ces puissances d’argent qui créent de l’emploi et dont nous sommes devenus dépendants ? Du côté des politiques, la question est toute autre : comment faire en sorte que ce modèle économique inégalitaire reste socialement soutenable et ne finisse pas par provoquer des émeutes et, surtout, de grands bouleversement politiques ?
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