Étiquette : Paul Jorion

  • Réciprocité et redistribution : la gratuité pour l’indispensable

    Réciprocité et redistribution : la gratuité pour l’indispensable

    Paul Jorion et Vincent Burnand-Galpin, dans Salut & Fraternité :

    Les réflexions se multiplient et les questions de société émergent : comment dissocier travail et subsistance décente ? Comment assurer un socle commun d’accès aux biens fondamentaux à la vie ?

    Certains proposent le revenu universel, nous proposons la gratuité pour tout ce qui relève de l’indispensable : alimentation, logement, vêtements, santé, éducation, transports et, aujourd’hui, connectivité.

    Face aux objections faites du revenu de base, la gratuité pour l’indispensable répond à nombreuses d’entre elles.

    Un article qui dresse à grands traits un argumentaire en faveur de la gratuité des besoins universels, plutôt que la mise en place d’un revenu de base.

    Source. Illustration : CC 0 Thomas Lefebvre.

  • « Serons-nous les chimpanzés observés par des machines? »

    « Serons-nous les chimpanzés observés par des machines? »

    Un entretien de Pascal Chabot et Paul Jorion avec Martine Vandemeulebroucke pour Alter Échos s’intéresse aux perspectives de l’emploi et du travail dans un contexte d’automatisation massive.

    Alter Échos : Faut-il taxer les robots? Instaurer un revenu universel?
    Paul Jorion : J’ai été le premier à proposer l’idée d’une taxe robots. Je l’avais conçue comme un moyen de financer un revenu universel de base mais lorsque j’ai commencé à penser à la dimension pratique du revenu universel, plusieurs obstacles me sont apparus. D’abord le revenu universel ne règle absolument pas les disparités de revenus et les laisse même s’accroître. C’est aussi une incitation au consumérisme alors qu’on devrait plutôt se lancer dans une forme de décroissance. Un autre danger, c’est la mauvaise utilisation de l’argent par son bénéficiaire. Mais la contestation la plus sérieuse du revenu universel vient de mon expérience de banquier pendant 18 ans. Si on donne un revenu supplémentaire aux gens, la finance s’en emparera.

    Alter Échos : Que faire alors?
    Paul Jorion : Taxer les robots pour financer une extension de la gratuité. Revenir en priorité à la gratuité totale de l’assurance maladie invalidité, de l’enseignement et puis l’étendre aux transports de proximité. Je suis aussi en faveur d’une gratuité de l’alimentation de type élémentaire.
    Aujourd’hui, beaucoup de travailleurs sont pris dans l’étau d’une activité qui envahit leur vie privée. Pourrions-nous passer d’une société de burn-out, où le travail consume les forces de l’individu, à celle du vide, où le travail n’est plus?


    Pascal Chabot : Le travail est un des grands impensés de nos sociétés. Il structure les existences, procure satisfactions et désespoirs. Son manque effraie et provoque parfois des détresses violentes; mais sa surprésence engendre des pathologies en imposant aux individus des rythmes et des buts parfois toxiques.
    Il est à cet égard intéressant de se souvenir que les technologies ont été massivement introduites dans la société au cours des années 60, en étant accompagnées d’un discours sur la civilisation du loisir. Alors déjà, des propos sur la possibilité d’un chômage de masse se faisaient entendre. Le discours sur la civilisation du loisir fut une sorte de cheval de Troie qui, en ses flancs, et sous couvert d’une plus grande jouissance du monde, introduisit une série de technologies de capture de l’attention, assez différentes de ce que l’on pouvait alors appeler «loisir». 

    Source


    Illustration : © Anne-Gaëlle Amiot.

  • L’intelligence artificielle, un choc industriel

    L’intelligence artificielle, un choc industriel

    Un article reproduit sur le blog de Paul Jorion extrait du dossier « Les révolutions de l’intelligence » dans le numéro 26 de Papiers, s’intéresse aux évolutions de l’informatique et de la robotisation et leur effet sur l’emploi.

    Maylis Besserie : Une […] piste, régulièrement explorée, est la perspective de taxer les robots.

    Raja Chatila : Je dois dire que cette expression n’est pas heureuse. Je ne parle pas du concept qui est derrière, mais l’expression elle-même n’est pas heureuse parce qu’elle laisse croire qu’il y a un robot physique qui va prendre ma place et qu’il faut donc le taxer. En réalité, cela signifie taxer l’entreprise qui l’utilise, taxer la productivité de cette entreprise, pour que moi, humain qui n’ai plus de travail, je puisse bénéficier quand même d’un revenu qui me serait échu de droit. Mais l’idée sous-jacente est excellente. La difficulté va venir de l’identification de ce qu’est un robot. Est-ce qu’on logiciel est un robot ? Qui vais-je taxer quand je vais utiliser un logiciel qui se trouve tourner sur des machines à l’autre bout du monde ? Cette mise en œuvre ne me semble pas très claire, même si je comprends que Paul Jorion la défende. Je n’ai pas de solution toute faite, et les termes de « revenu de base » ou de « taxe robot » présentent chacun des avantages et des inconvénients. Je pense malheureusement que la débat n’a pas lieu, qu’il devrait avoir lieu et être mis en place pour que l’on puisse réfléchir sur la meilleure méthode impliquant tout le monde — c’est-à-dire les citoyens, les économistes, les experts, les roboticiens, les intelligents artificiellement, les sociologues, etc. C’est une question de fond.

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    Illustration : © France Culture.

  • Préface à « Fuck work! » de James Livingston

    Préface à « Fuck work! » de James Livingston

    La préface que Paul Jorion a écrite pour l’édition française du livre Fuck work! précédemment évoqué est désormais librement accessible.

    (suite…)

  • L’avenir du travail

    L’avenir du travail

    Une vidéo de Docwerkers présente en cinq minutes les vues de Paul Jorion et de Jaak Brepoels sur la raréfaction de l’emploi liée à la numérisation.

     


    Illustration : © Docwerkers.

  • Le travail disparaît, prenons-en la mesure

    Le travail disparaît, prenons-en la mesure

    Une tribune de Paul Jorion pour Trends-Tendances s’appuie sur le livre No More Work de James Livingston pour nous inciter à prendre acte de la disparition massive de l’emploi salarié et des conséquences économiques associées.

    Et ces problèmes sont déjà bien présents : Livingston signale qu’aux États-Unis, un quart des adultes « réellement actifs » selon ses termes, se trouvent sous le seuil de pauvreté. S’ils sont payés au taux horaire minimum fédéral de 7,25 $, ils demeurent sous ce seuil même s’ils travaillent 40 heures par semaine : il faudrait que ce taux horaire atteigne 10 $ pour que ce seuil soit dépassé. Et s’il était doublé pour atteindre le montant irréaliste de 15 $, il faudrait encore que les Américains travaillent 29 heures par semaine pour dépasser le seuil de pauvreté. À l’heure actuelle, 20% du revenu des ménages américains, dit-il encore, leur vient d’allocations versées par le système de sécurité sociale. Sans ce complément, c’est la moitié de la population qui se situerait en-dessous du seuil de pauvreté. Son verdict est alors que le salarié actuel (il n’est pas même question du chômeur) est d’ores et déjà un assisté, et la tendance observée aujourd’hui signale que les choses ne feront qu’empirer.


    Illustration : © Kurzgesagt.

  • Les leçons des Luddites

    Luddites

    Un article qui revient sur les causes et le combat des Luddites, en tirant des leçons qui pourraient nous servir aujourd’hui.

    Les Luddites tombèrent dans le piège qui leur était tendu. À l’arrivée, 52 d’entre eux furent déportés, 27 finirent pendus.

    Si nous ne voulons pas y voir un présage de l’avenir, réfléchissons au fait que selon le McKinsey Global Institute, par rapport à l’époque de la rébellion luddite, la disparition de l’emploi due à l’informatisation a lieu aujourd’hui dix fois plus vite et à une échelle trois cents fois plus vaste, soit au total, avec un impact 3.000 fois plus grand.

    — Paul Jorion

    Source : Les leçons des Luddites, Paul Jorion.


    Illustration : George Alfred Henty.