La résolution générale adoptée par le syndicat lors de son récent congrès désapprouve totalement le revenu sans condition.
Face à un tel développement de la précarité, l’idée consistant à vouloir que l’État alloue à chaque citoyen, sans conditions, une somme fixe tous les mois est désormais dans l’air du temps. Sur un plan budgétaire, en pleine période d’austérité, la mise en place d’un revenu universel comme filet de sécurité minimal via le versement d’une somme peu élevée serait utilisée afin de réduire les obligations de l’État à leur portion congrue. Cela aurait également pour objectif de mettre un terme au système de prestations du pays, aux modèles actuels de redistribution et de solidarité ainsi qu’aux éventuels phénomènes d’assistanat que notre système de protection sociale engendrerait. Force Ouvrière ne soutiendra aucune mesure, même modeste, vers un revenu universel qui, de fait et par nature, a pour objectif de réduire drastiquement les aides nécessaires voire de détruire notre modèle social collectif et redistributif. Le Congrès s’oppose à une fusion des minima sociaux qui, sous prétexte de « simplification », aboutirait à un « solde de tout compte » de l’État, et ainsi à l’abandon des politiques d’insertion, considérant de fait qu’une part importante de la population n’ait plus à s’intégrer dans la société par le travail. Mettre en place un revenu de base reviendrait à capituler face aux formes d’emplois atypiques, le sous-emploi permanent devenant une norme acceptable et acceptée au nom d’un pseudo-principe de réalité et de justice, et d’une inéluctable « ubérisation » de la société. Sous la pression du patronat qui exige depuis plusieurs années de libérer le marché du travail ou de financer la protection sociale par l’impôt et non plus par les cotisations, instaurer un revenu de base signerait l’institutionnalisation de la précarité et la fin de toutes les constructions collectives, fruits d’un siècle de luttes syndicales. Dans l’historique confrontation capital/travail, il consacrerait la victoire des détenteurs du capital sur les forces du travail. Parce qu’un revenu d’existence ne pourrait suffire à vivre dignement, les travailleurs, loin de pouvoir s’en affranchir, resteraient tributaires d’un marché du travail ultra-flexibilisé, dans le-quel ils n’auraient plus de prise et peu de droits, vision de survie que le Congrès refuse d’avaliser.
Illustration : CC BY-NC 2.0 F. Blanc.
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