Un article de Damien Dubuc dans Usbek & Rica présente la pensée « accélérationniste » d’Alex Williams et Nick Srnicek.
« Ne croyons jamais que la technologie suffira à nous sauver », mettent cependant en garde Williams et Srnicek, qui veillent à ne pas passer pour les groupies d’une Silicon Valley techno-béate, ni pour les héritiers des futuristes italiens du début du XXe siècle, qui s’emballaient pour la moindre machine vrombissante (avant de se compromettre avec le fascisme). « Alors que les techno-utopistes promeuvent l’accélération parce qu’elle supplanterait automatiquement les conflits sociaux, nous estimons que la technologie devrait être accélérée afin de nous aider à gagner ces conflits sociaux », soulignent les accélérationnistes. Pourtant, quelques lignes plus loin, les deux hommes assurent que « seule une politique prométhéenne de maîtrise maximale sur la société et son environnement peut permettre de faire face aux problèmes globaux ou d’atteindre une victoire sur le capital ».
Contradictoire ? La nuance est plus fine : à rebours d’une gauche obnubilée par l’idée d’un soulèvement brusque suivi de la reconstruction ex nihilo d’un monde plus juste, l’accélérationnisme assure que « l’infrastructure actuellement existante ne constitue pas les tréteaux capitalistes d’une scène à abattre, mais un tremplin sur lequel s’élancer vers une société postcapitaliste ». Autrement dit, on peut faire beaucoup mieux avec ce qu’on a déjà sous la main. Dans leur ouvrage Inventing the Future: Postcapitalism and a World Without Work, qui creuse le propos du manifeste, Williams et Srnicek appellent clairement à libérer l’humanité du travail grâce à une automatisation généralisée, couplée à la mise en place d’un revenu universel.Damien Dubuc
Source : Accélérationnisme : à vos Marx, prêts, foncez !, Damien Dubuc dans Usbek & Rica.
Illustration : © Usbek & Rica.