Jean-Michel Servet et Solène Morvant-Roux, pour The Conversation :
Les autorités monétaires européennes ont décidé, le 19 mars dernier, de dégainer le « bazooka » monétaire. La Banque centrale européenne (BCE) s’apprête à déverser rapidement 750 milliards d’euros, soit l’équivalent d’un peu plus de 2 200 euros par Européen, avec la possibilité d’accroître ce volume. Il s’agit d’une relance des plans d’assouplissement quantitatif, ou quantitative easing (QE), déjà mis en œuvre pour soutenir l’économie européenne en 2015 puis réactivée en fin d’année dernière ; le but étant de redonner des moyens de répondre aux besoins de financement des acteurs économiques.
Or, les limites sur l’économie réelle d’un ciblage de ce soutien vers le secteur financier ne peuvent être ignorées. Ces dernières années, le QE, qui dès 2008 avait été utilisé aux États-Unis et au Royaume-Uni, a provoqué un accroissement considérable d’une surliquidité propice à une finance spéculative. Celle-ci a alimenté un accroissement du prix des actifs financiers et de l’immobilier intensifiant la financiarisation de l’économie.
Alors que les crises financières et économiques se concrétisent et s’ajoutent à la crise sanitaire du Covid-19, la création monétaire est réactivée par les banques centrales. Néanmoins, les bénéficiaires de cette aide monétaire constituent un réel choix politique.
Pour l’instant, on s’oriente en Europe vers un soutien aux activités spéculatives plutôt qu’à l’économie ou aux ménages, tandis que de larges pans de la population risquent d’avoir beaucoup de mal à faire face dans les mois qui arrivent.
Illustration : Daniel Roland / AFP.
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