Revenu de base agricole

Le revenu de base agricole était à Notre-Dame-des-Landes

Le revenu inconditionnel faisait partie du rassemblement de la coordination des opposant·e·s en juillet. L’angle cette année : le revenu de base agricole.

« De nos terres à la Terre »

Depuis 16 ans chaque début juillet se tient le traditionnel rassemblement de la coordination des opposant·e·s au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Cette fois encore, les militant·e·s du revenu de base avaient à cœur d’y tenir un stand. Pour la quatrième année d’affilée, un espace d’échange était donc ouvert pendant deux jours, au côté des autres organisations politiques présentes. Le plus de cette édition : une conférence-débat sur le revenu de base agricole.

Cette année, le thème général retenu par la coordination était « de nos terres à la Terre ». C’est ainsi qu’il a paru naturel aux militant·e·s de mettre en lumière le revenu de base agricole, une approche sectorielle développée depuis peu au Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB). Une conférence-débat pour présenter ce dispositif à destination des paysan·ne·s avait donc été proposée à l’organisation.

Une conférence-débat sur le revenu de base agricole

Samedi à 15h, rendez-vous était donné sous le chapiteau 3 à celles et ceux qui voulaient échanger autour du revenu de base, et de son pendant agricole en particulier. Une soixantaine de personnes ont affronté la chaleur de fournaise sous la lourde toile cirée pour écouter et discuter.

Aurélie Hampel, membre du MFRB, a ouvert ce temps partagé par une présentation succincte du revenu de base afin de cadrer le propos. Elle s’est ensuite employée à détailler le revenu de base agricole, une approche creusée depuis quelques mois par un groupe de travail dont elle fait partie.

Le revenu de base agricole à Notre-Dame-des-Landes.
Conférence-débat « Le revenu de base agricole à expérimenter »

Les travaux en cours portent sur le modèle agricole dominant et sa possible transformation. Alors que les volontés de reconversion ou de reprise d’exploitation sont légion, les paysan·ne·s sont souvent confronté·e·s à des équations financières insolubles. Les conditions de travail, couplées à l’endettement et à l’incertitude de parvenir à vivre de son labeur font partie des difficultés majeures que rencontre aujourd’hui la profession.

Alors que la politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne va être rediscutée dans le fond comme sur la forme pour la période 2020-2025, c’est le moment d’évaluer ses effets actuels et pourquoi pas d’envisager un fléchage différent des flux financiers. Le revenu de base agricole, futur pilier social de la profession agricole pour la prochaine décennie ? L’objectif semble trop ambitieux pour une échéance si courte mais le questionnement a rencontré un écho certain dans l’assemblée.

Aurélie Hampel
Aurélie Hampel

Présentation et actualité du projet Tera

Après cette demi-heure sur le revenu de base agricole, la parole est passée à Frédéric Bosqué, qui est à l’initiative du projet Tera, un éco-hameau pensé pour le XXIe siècle. Il a présenté le projet et son actualité. Empreinte au sol réduite, vie en communauté, production relocalisée, gouvernance partagée… les objectifs sont ambitieux pour ce laboratoire de société situé à Masquières dans le Lot-et-Garonne.

Les dimensions du projet sont multiples et le revenu de base est l’une d’entre elles. Le projet Tera comprend en effet un revenu de base supérieur d’un euro au seuil de pauvreté, versé en monnaie citoyenne locale à chaque personne participant à l’aventure.

À ce stade des prototypes de maisons autonomes ont été construits et une équipe travaille par roulement sur les terres du hameau. La production locale démarre et l’assemblée de Tera entend bien distribuer rapidement les fruits de ce travail sous forme d’un « revenu d’autonomie » à tou·te·s ses habitant·e·s en monnaie citoyenne, garantie par cette production relocalisée.

Frédéric Bosqué
Frédéric Bosqué

L’enthousiasme pour ce véritable micro-projet de société était palpable dans l’assistance et les questions et remarques se sont enchaînées.

À l’approche de la fin du temps imparti, Aurélie Hampel a repris la parole en réitérant certains points-clés et en invitant à poursuivre les échanges pendant le week-end au stand du MFRB. L’assemblée s’est alors dispersée, qui pour poursuivre la discussion en petits groupes, qui pour se rendre à une autre conférence-débat sous l’un des dix chapiteaux du site.

Un stand militant pour deux journées d’échanges

Installation du stand du MFRB
Premières discussions au stand du MFRB

Pendant tout le week-end, le stand du MFRB a accueilli les passant·e·s pour échanger librement autour du revenu de base universel.

Après le succès lors de l’édition 2016, l’affluence était à nouveau là. Les discussions furent variées, allant des sujets usuels (présentation du dispositif, financement, objections, etc.) à des thématiques plus récentes : actualité des expérimentations, bilan de la séquence électorale, prochains rendez-vous…

Plusieurs visiteur·euse·s ont pris date pour l’université du mouvement, programmée à la fin août dans le Gers.

Des militant·e·s de Nantes, Rennes, voire beaucoup plus loin en France, se sont relayé·e·s pendant deux jours pour répondre aux sollicitations et prendre le temps de discuter longuement.

Le dimanche en fin d’après-midi, à l’heure de démonter les stands sous une averse torrentielle apportant une fraîcheur bienvenue après un week-end étouffant, c’est une petite équipe fatiguée mais satisfaite qui s’est donnée rendez-vous pour l’an prochain, toujours à Notre-Dame-des-Landes.

D’ici là, les évènements autour du revenu de base ne manqueront pas, à commencer par l’université d’été puis la semaine du revenu de base fin septembre.


Illustrations : CC BY-SA 3.0 Maxime Vendé.